L'Observatoire des ChibAnis et ChibAniyates- مدونة خاصة بالاشخاص المسنين

jeudi 5 décembre 2013

Vieillesse L’étude qui accable le Maroc

Vieux au maroc
C'est un constat accablant que vient de faire sur le Maroc une étude diffusée par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et l'ONG HelpAge International.
Le Maroc est l'un des pays où il ne fait pas bon vieillir. Il est classé à la 81ème place sur un total de 91 pays «où il fait bon vivre» pour les personnes du troisième âge. C'est ce que révèle une étude établie par l'ONG HelpAge International, dévoilée récemment par l'Institut national d'études démographiques (INED). Selon le rapport de l'ONG, le Maroc, seul pays arabe à figurer dans ce classement 2013, n'est pas loin de la Tanzanie (90ème) et de l'Afghanistan (91ème). Cette étude, à laquelle le Fond des Nations Unies pour la population (UNFPA) a également participé, révèle sans surprise que la Suède, la Norvège, l'Allemagne et la Suisse sont en tête de liste. Elles sont ainsi considérées comme les pays où le vieillissement est le mieux géré dans le monde.
Le Maroc pénalisé
Pour mesurer le «bien vieillir» dans 91 pays du monde, un nouvel indice a été créé pour cette étude de l'ONG HelpAge, «Global AgeWatch». Il compare 13 indicateurs économiques et sociaux dans quatre domaines: état de santé, sécurité des revenus, emploi et éducation, environnement favorable. Dans ce classement, le Maroc est notamment pénalisé pour son mauvais score en ce qui concerne pratiquement tous ces indicateurs. En effet, d'après l'étude, le Maroc est 76ème pour ce qui est de l'état de santé, 83ème pour l'éducation et l'emploi, 71ème concernant la sécurité des revenus et 84ème dans l'indice «environnement favorable». C'est ce qui explique la place (81ème) qu'occupe le Royaume parmi les 91 Etats où la question des vieux est la mieux gérée.
Dans son rapport, l'ONG HelpAge prévoit qu'à l'horizon 2050, près de 22% de la population mondiale aura plus de 60 ans, soit plus de deux milliards de personnes, contre 11% en 2012, soit une population de 809 millions. Une question se pose alors: les pays sont-ils préparés à ce changement démographique?
Cette population aura-t-elle plus de chance qu'aujourd'hui pour vivre sa vieillesse dans des conditions meilleures? Oui, mais à condition que des efforts soient à même de faire aboutir les politiques portant sur le vieillissement. Car, sur le terrain, malgré les efforts réalisés dans certains pays, la question des vieux n'est pas prise en compte. L'étude initiée par l'ONG HelpAge International constate ainsi que les pays sont mal préparés. Il reste même beaucoup à faire pour garantir la protection de ces personnes de troisième âge.
Le «vieillissement», un dossier ignoré au Maroc
Le classement du Maroc à la 81ème place sur 91 pays où il fait bon vivre pour les personnes âgées vient donc confirmer l'idée selon laquelle le vieillissement au Maroc n'est pas encore un sujet de préoccupation. Il est même loin d'être pris en considération par les responsables marocains. En effet, des sources à l'Entraide nationale affirment au Reporter que les établissements pour personnes de 3ème âge ne figurent pas encore à l'ordre du jour du département du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, lequel a la plus grande responsabilité concernant la gestion du dossier des personnes âgées. A savoir que l'autre département, également concerné par cette question, est celui du département de la Santé. Ce ministère est surtout concerné par le volet de la protection sanitaire de ces personnes, notamment en ce qui concerne la mise en place de services de gériatrie. Néanmoins, sur le terrain, à en croire ces mêmes sources, la majorité des établissements créés pour accueillir les personnes âgées au Maroc sont dans un état critique. A souligner que près de trois millions d'individus sont des personnes de troisième âge, soit un taux de 8% de la population des plus de 60 ans. Un pourcentage qui devrait connaître une augmentation plus importante dans les années à venir. Car la population est de plus en plus vieille dans le Royaume. Mais le fait est que le pays est mal préparé à ce changement démographique, comme c'est d'ailleurs souligné dans le rapport établi par l'ONG HelpAge International.
30 mille conventions restées «lettres mortes»
«Le pays n'est malheureusement pas prêt à accueillir ce changement, ni démographiquement, ni religieusement, ni psychologiquement, ni financièrement», tient à nous déclarer Ahmed Sfa, directeur de la Maison des vieux «Anassim». Il ajoutera: «L'Etat ne joue pas son rôle pleinement en ce qui concerne cette question des vieux. Depuis 2005, près de 30 mille conventions ont été signées au profit de cette population. Mais à ce jour, rien n'a été concrétisé sur le tas. Toutes ces conventions sont restées lettres mortes». Et le responsable de poursuivre: «Au lieu de lancer un débat national transparent sur le vieillissement au Maroc, à même d'aboutir à une stratégie solide et concertée par tous, l'Etat se contredit. On parle de stratégie qui est en cours de préparation sur le vieillissement. Mais, en même temps, il n'y a pas encore de transparence dans la gestion de ce dossier des vieux, ni sur les chiffres qui concernent cette catégorie de la population». Or, «tant qu'il n'y a pas de transparence et tant que l'on ne permet pas aux journalistes et aux associatifs de visiter -sans autorisation- un centre comme celui de Tit Mellil, par exemple, il y aura toujours des rapports accablants comme celui qui vient d'être dévoilé par le Fond des Nations Unies pour la population», conclut Ahmed Sfa.
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Notes de lecture
Chibanis, chibanias, Portraits d’une génération sans histoire ?

Récit : Claude Barême, Photographies : Abed Abidat, Préface : Azouz Begag, Chibanis, chibanias, Portraits d’une génération sans histoire ?, Ed. Images plurielles, 2003

Bien que le livre ait été publié en 2003, il me paraît important d’en parler encore, car l’actualité des pères et mères de la première génération dans la représentation littéraire et photographique est récente. Ils sont vieux ; on les a oubliés ; leurs petits-enfants leur rendent hommage et leur accordent l’attention qui a souvent manqué aux enfants, plus préoccupés d’eux-mêmes que de l’histoire et du pays des parents en immigration ouvrière, parents analphabètes et pauvres qui ont travaillé durement pour des enfants parfois ingrats. Aujourd’hui, grands-parents, ils existent aux yeux de la troisième génération. On les regarde, on les écoute, on les photographie.

De superbes portraits en noir et blanc. Les femmes, pour la plupart, portent un foulard blanc qui couvre leurs épaules. Les hommes sont tête nue, sauf le boucher à casquette blanche. On a envie de les connaître ; on aperçoit l’appartement des femmes et des couples (il y en a trois). Leurs visages sont graves, sans tristesse ni amertume, et lorsqu’on lit leurs mots, on entend des vies difficiles mais accomplies, côté père, côté mère. Abdallah, Fatma, Moussa, Hassiba, Mohamed… Ils ont quitté l’Algérie de la guerre et de la misère, années 50, années 60, pour la France du travail. On les retrouve à Marseille, dans la région de Marseille, souvent à Port-de-Bouc, à Martigues ; les passages vers le nord ont été brefs. Ils ont eu beaucoup d’enfants ; les filles ont souvent fait des études supérieures dans les familles où les parents, et la mère en particulier, ont suivi le travail scolaire, valorisé l’école et les diplômes. Ils ont habité des appartements ou des maisons qu’ils ont construites eux-mêmes. Ils sont heureux des enfants qu’ils ont élevés et les mères n’iront pas vivre en Algérie si les enfants ont choisi la France. Les pères, morts prématurément, sont enterrés au village ; les mères sont pratiquantes, certaines ont fait le pèlerinage à La Mecque et seront enterrées dans le pays de leurs enfants, là où ils sont nés, le pays de leur vie, la France ; c’est ce qu’elles souhaitent. Les pères, qui ont laissé la famille au pays, font le voyage plusieurs fois par an. Ils vont à la mosquée en France, mais ils disent qu’ils n’aiment pas les islamistes qui militent pour l’habit et la barbe des fondamentalistes.

Un beau livre, émouvant et juste. Pas de misérabilisme ni de ressentiment. Il devrait être lu par tous les enfants de la troisième et de la quatrième génération qui veulent entendre des histoires et l’histoire. Par tous les autres, bien sûr.