MI FATOUMA ET BA MAHJOUB : LEILA MEDARI RACONTE
Par Bouthaina Azami le 02/11/2013 à 15h37 (mise à jour le 02/11/2013 à 16h53)
Mi Fatouma et Ba Mahjoub : un couple qu'il faut sauver. Il s'agit d'"assistance à personne en danger", précise Leila Medari, l'une des coordinatrices du réseau de solidarité créé sur Facebook. (Bouthaïna Azami et Abderrahim Et-Tahiry)
Leila Medari raconte les conditions actuelles de vie de ce couple dont l'homme, Ba Mahjoub, qui a perdu la vue, a 92 ans, et dont la femme, Mi Fatouma, qui elle n'entend plus, a 80 ans. Un couple qui refuse de se séparer et ne veut pas entendre parler de maison de retraite, vu que l'on y sépare, au Maroc, les hommes et les femmes. Et il ne s'agit pas, souligne Medari de "charité", mais d'"assistance à personne en danger". Il y a une véritable urgence à sortir ce couple des conditions dans lesquelles il vit actuellement. Ensuite, il s'agira, bien sûr, comme l'espère le réseau de solidarité, d'agir à plus grande échelle pour que plus jamais personne ne puisse se retrouver dans un tel état d'abandon, oublié de tous. Et le changement devra passer par un changement des structures d'accueil des maisons de retraite, que ce couple a interpellés. Et par une remise en question, pour ce faire, de notre propre regard en tant qu'acteurs sociaux, en tant que citoyens.
Dans un pays où la structure familiale et le respect de la personne âgée, traditionnellement vue comme une personne sage dont on rend hommage à la mémoire vive, précieuse, qu'elle détient et transmet, en faisant montre devant elle d'humilité et de reconnaissance, ont toujours été des valeurs fortes que l'on croyait sûres, voilà qu'on se heurte à une situation des plus atroces et des plus inattendues, tant elle ne correspond en rien à ces valeurs, justement, violemment saccagées en l'occurrence. Une situation insoutenable qui fait se demander comment un couple de cet âge a pu vivre ainsi, ignoré de tous si ce n'est d'un parent qui fait ce qu'il peut, avec difficulté. Une situation insoutenable qui lance le débat des maisons de retraite dans un pays où la famille était un bastion que d'aucuns pensaient inébranlable. Un débat qu'il faudra mener pour encourager au développement de ces établissements, certes, mais aussi et surtout à une révision de leur approche qui se doit de respecter le vécu des personnes qui intègrent ces structures, notamment les couples.
